suite EXPOSITION HEROS / ANTI-HEROS
Cette exposition réunit des oeuvres abordant ces surhumains dans notre société sous l’angle d’une cohabitation ambivalente du héros et de son pendant, l’anti-héros, grain de sable bruyant apportant quelques ombres au tableau lisse de nos fantasmes collectifs.
Le "modèle de réussite sociale", miroir d’un système de valorisation consumériste, y est incarné par Florent Mattéi, qui se met en scène dans une série de photographies intitulée, the world is perfect. Le "Super" y est représenté sous la forme d’une Vonder-woman au réveil, avant rasage, personnage incarnée par Valérie Castan dans sa vidéo intitulée Point zéro. La panoplie du Super, fruit d’une technologie suravancée amplificatrice de ses capacités physiques surnaturelles, est ici réalisée en carton par Sylvie Réno, réplique fascinante et inoffensive. Le "révolutionnaire", mu par l’utopie, qui s’élève contre l’ordre établi et s’attaque à l’édifice social, est une figure de sauveur. Il offre une alternative appropriable par tous, telle que Loïc Connanski nous en fait l’exposé dans sa petite vidéo rouge du urcommandant Connanski, manifeste pour une alternative à la culture télévisuellle. Il devient aussi à l’occasion une icône, incarnant la possibilité d’un renversement, à la fois menace et promesse d’un monde meilleur.
C’est ainsi que Mr K, initiateur du FLK, Front de Libération de la Kgoule, photographié en famille, dans son quotidien, cagoulé en toute circonstance, devient l’emblême de la contestation, avec tout son attirail de manifestations, supports de communication, et de produits dérivés.Enfin "l’artiste-héros", extrème, entre virtuosité sidérante et médiocrité novatrice, échappant à la conformité en affirmant la toute-puissance de sa subjectivité, est en toile de fond de l’ensemble de cette exposition. Il est plus particulièrement au centre du travail de Thierry Lagalla qui offre une critique poétique de la société du spectacle, à travers des pratiques pauvres. Dans ses performances et ses vidéos, il se met en scène en tant qu’humain piteux mais néanmoins sujet doué de libre arbitre, associant des commentaires au ton docte à de petites actions dérisoires. Au sein d’un programme vidéo présenté à Fontainebleau, le travail de Thierry Lagalla est associé à Balagan, d’Alexandra Sà. Dans un registre similaire de petites scènettes burlesques, Alexandra Sà recycle les icônes de l’histoire de l’art sous forme de masques, et les intégre à des formes de numéros de cirque anodins.
L.B |